“You’re the one that’s making strong, I’ll be looking, looking for you”. Entendre ces mots en anglais dans la bouche d’Amir, le représentant de l’Hexagone au concours de l’Eurovision, le 14 mai, froisse les oreilles d’André Vallini. Tout comme lorsqu’il écoute la chanson des supporteurs des Bleus, une reprise de Kiss par les Lillois de Skip The Use, elle aussi dans la langue de Shakespeare. Dans un tweet doublé d’un communiqué lundi matin, le secrétaire d’Etat à la Francophonie a jugé “consternants et inacceptables” ces choix pour représenter la France dans les deux compétitions.
“Certaines élites ont honte de leur langue” Parmi eux, le souverainiste Jacques Myard. Sollicité lundi par metronews, celui qui est désormais candidat à la primaire de la droite pour 2017 applaudit des deux mains André Vallini : “Je souscris totalement à ses propos, il est inadmissible et lamentable de singer ainsi l’Oncle Sam, pour l’Eurovision comme pour l’Euro de football”.
Aux yeux du député Les Républicains, qui prend le temps de souligner qu’il parle “couramment” anglais, la question n’a rien d’anecdotique : “A l’évidence, certaines élites ont honte de leur langue et se vautrent dans les délices du ‘globish’ (mot-valise mêlant “global” et “english”, ndlr) pour se donner l’air intelligent et moderne. Mais cela porte un coup économique et politique fabuleux à la présence de la France dans le monde car la langue, c’est une stratégie d’influence. A l’Eurovision, on devrait obliger chaque nation à parler la sienne, conformément à toutes les conventions internationales sur la diversité linguistique !”
Deux nuances
Et peu importe pour Jacques Myard, comme nous le lui faisons remarquer, que la chanson d’Amir soit aux trois quarts en français (seul le refrain est en anglais), et que celle interprétée par Skip The Use pour les supporteurs de foot, “I was made for lovin’ you”, ne soit pas un hymne officiel, mais d’abord une opération marketing lancée par le sponsor des Bleus, Carrefour. [..]
Alors, la polémique lancée par André Vallini va-t-elle faire pshitt ? Pour l’heure, ses collègues du gouvernement se sont bien gardés de lui emboîter le pas pour monter au créneau. Et dans une consultation en ligne lancée lundi matin par metronews, les internautes ne semblent pas vraiment souscrire à son coup de sang : à l’heure où nous écrivons ces lignes, 71% des répondants disent “d’accord” au fait de chanter en anglais à l’Eurovision “si c’est la seule façon de gagner”, contre 29% qui préfèrent “qu’on perde en français”.