Reading and conversing in French – French words and expressions
Au terme d’une deuxième phase de sélection fin décembre, le projet Mars One a retenu 22 Français pour un voyage sans retour vers la planète rouge. Entre doute et excitation, ils livrent leurs sentiments sur les enjeux d’une telle mission.
De leur propre aveu, ce sont des gens très ordinaires. Ils sont professeurs, ingénieurs, journalistes, voltigeurs, coiffeurs ou encore chercheurs. Tout, dans leur métier, dans leur vie, les oppose. Tout, sauf une même conviction: l’avenir de l’homme ne se joue plus sur sa planète, mais bien ailleurs, quelque part au-delà du ciel. Une certitude qui les a poussés, l’année dernière, à candidater au projet d’exploration de la planète rouge baptisé Mars One. Retenus parmi 200.000 autres postulants du monde entier au terme d’une présélection d’un an, ces 22 Français sont aujourd’hui plus près du sol marsien qu’ils ne l’ont jamais été. En attendant les prochaines phases du recrutement, ils se prennent à rêver, la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur Terre, à un futur hors du commun, et sans retour.
«La terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas toute sa vie dans un berceau», commente Florence Porcel, jeune chroniqueuse de France Inter qui a reçu fin 2013 sa lettre d’acceptation. «Pour moi, ce projet représente l’espoir de pouvoir apporter des réponses scientifiques à des questions existentielles: d’où venons-nous? Qui sommes-nous? Pourquoi et comment la vie? C’est également l’occasion de tout reprendre sur des bases saines», analyse la jeune femme de 30 ans. Pour Claude, 52 ans, ingénieur dans la région de Toulouse, «le projet Mars One est le premier acte de courage depuis les années 70, promettant de relancer la conquête humaine de l’espace. C’est l’espoir fondamental d’offrir à l’Humain une chance de survivre au devenir inéluctable de notre planète».
«L’idée de s’exiler en petit groupe de colons pour fonder une nouvelle communauté a tout de suite suscité mon intérêt», confie Christine, artisan coiffeur dans un petit village de l’Aude. «C’est pour moi l’opportunité d’être à l’origine d’une expérience inédite qui permettra de retrouver des valeurs humaines telles que le respect, l’échange de culture et la solidarité», poursuit-elle.
Un voyage à sens unique
S’en aller pour toujours. Une perspective qui n’effraie pas ces explorateurs en devenir. «Partir à la découverte de soi», «donner un sens à sa vie», «oeuvrer pour le bien de l’humanité»: pour les plus convaincus, la quête semble valoir le sacrifice. Certains, plus indécis, redoutent l’aspect «carcéral» d’un tel séjour. «Partir sur Mars sans retour, ça fout la trouille! Je me réserve le droit de me retirer du projet à tout moment», livre Laurent, 35 ans, professeur de technologie à Châteauroux. Pour d’autres, il ne fait aucun doute que les avancées technologiques futures permettront d’effectuer des navettes entre la planète bleue et sa cousine rouge. «Si le projet réussit, si une colonie se développe et devient autosuffisante, alors beaucoup de choses deviendront possibles, dont des liaisons Terre/Mars-Mars/Terre», conjecture Mickaël, 27 ans, chercheur au CNRS.
Vie spartiate, exiguïté, claustration, monotonie, etc. A 250 millions de kilomètres de la Terre, par -63° en moyenne, la vie en groupe dans des modules confinés présentera un certains nombre de contraintes que n’ont pas manqué de rappeler les initiateurs du projet. Par conséquent, les 24 «ambassadeurs» choisis au terme de la sélection (qui devrait s’achever fin 2015, ndlr) devront présenter des aptitudes physiologiques et psychologiques à toute épreuve. Confiants, lucides, les 22 Français croient en leurs chances. Un tel mise sur son «esprit d’équipe», son «expérience de communicant», sa «résilience face aux épreuves», un autre sur ses «connaissances scientifiques», son «sang-froid», sa «sociabilité». Une touche de chaque leur sera sans doute utile s’ils souhaitent, d’ici 2025, faire de leur rêve une réalité.
Source: Lefigaro.fr