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Pendant longtemps les intellectuels n’aimaient pas les sportifs qui leur rendaient bien. Au point que les profs qui enseignent en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) se révèlent, pour la plupart, tenants d’une critique radicale du sport. Comme le Bourdieusien Jacques Defrance qui dirige le laboratoire “Sport et culture” de la Fac de Nanterre. Ou Jean-Marie Brohm, ancien professeur d’EPS et pourtant auteur de l’article fondateur « Sport, culture et répression » (1968).
Dans la même veine, le philosophe et polémiste Robert Redeker profite de l’actualité sportive (Euro, Jeux olympiques…) pour publier l’Emprise Sportive (Bourin Editeur) où il affirme : « Le sportif est un mutant soumis à l’impératif de la commercialisation. Il se doit d’être commercialisable. Il ne s’appartient pas – en ce sens, il est le contraire d’un homme libre -, il appartient à ses sponsors, il appartient aux médias qui vivent de ses efforts, il appartient à la grande masse des consommateurs d’événements sportifs. ».
Ceux que les compétitions télévisées laissent de marbre pourront se plonger dans cette véritable charge contre l’idéologie contemporaine du sport. Un livre qui démontre comment « Les Etats pensent mettre le sport à leur service, au service de telle ou telle politique nationale, alors qu’en réalité c’est l’inverse qui se produit (…) le message politique se dissout dans le message sportif. »
Ceux qui, au contraire, vibrent devant les retransmission des JO de l’Euro ou du Tour de France lui préférerons JO politiques (Jean-Claude Gawsewitch). Nouveau livre du géopolitologue français Pascal Boniface dans lequel il affirme plus ou moins l’inverse : « Dès l’origine il y avait un fossé entre l’affirmation hypocrite de l’apolitisme des Jeux et la réalité. Les Jeux olympiques ont eu, depuis leur création, un objectif politique et sont les otages des événements stratégiques. » Il y décrypte le rôle des Jeux olympiques dans le soft power des pays qui y participent et les organisent, de leur re-création en 1896 à nos jours.
Mais Boniface n‘est plus seul, il semble même le pionnier d’une nouvelle génération d’intellos fans de sport autant que de culture. Comme Xavier Delaporte (La controverse pied/main, 2006), Ollivier Pourriol (l’Éloge du mauvais geste, 2010) ou Tristan Garcia (En l’absence de classement final, Gallimard)… Ils mélangent géopolitique, sémiologie et goût réel du beau jeu pour accoucher de textes qui relancent le match. Tristan Garcia, justement, qui, dans ce recueil d’une trentaine de nouvelles, imagine un prof de fac ressemblant beaucoup à Redeker. Ponctuant son discours véhément contre l’idéologie sportive d’une simple phrase qui explique tout : « Il se souvient de son père, le dimanche, dans les vestiaires, qui faisait trois fois son poids. » Le smash qui conclue l’échange ?
Source: gqmagazine.fr